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34-Ombre

Chère complice,

Je ne t’ai pas reconnue tout de suite derrière mon épaule dans le reflet du miroir. Pourquoi es-tu revenue ?

Je t’écris parce que notre rencontre hier soir m’a chamboulée. Quand je t’ai prise dans mes bras, j’ai senti le chaos qui faisait des cercles et des cercles sous la surface de ta peau. Était-ce vraiment toi, ou bien ton enveloppe des jours d’orage ?

Tu m’as redit que tu avais mal, que c’était déjà trop tard, et qu’il fallait encore attendre. Les ombres ne sont jamais aussi noires que lorsque la lumière est martiale.

J’ai compris que tu ne venais pas du présent et enfin, je t’ai reconnue comme la fille que j’étais il y a 15 ans. Mon Ombre Rouge comme je t’appelais.

On s’est assises. Je t’ai servie un thé au réglisse, avec des Prince au chocolat. Je t’ai surtout écoutée, sans jamais te couper. Je t’ai laissée te vider jusqu’à ce que l’encre qui coulait sur tes joues sèche et forme un maquillage de guerre.

Ma tendre enfant, je suis fière de celle que tu deviendras. Si fière. Mais j’ai besoin que tu sois attentive, d’accord ?

Tu ne me croirais pas, mais j’ai été surprise de te voir dans le reflet de mon miroir parce que, hé bien justement, j’ai oublié les formes et la couleur de cette flaque de pétrole qui t’as recouverte.

Qui t’as recouverte ? Oui. Tu as bien entendu.

Tu n’es pas cette ombre.

Evi, tu n’es pas cette ombre, tu m’entends ? Tu m’écoutes ? Evi ! Regarde en face de toi ! Cette forme qui te bloque la lumière, c’est celle que tu veux devenir !

Evi, écoutes ! Tu ne te mueras pas en quelque chose de beau en moisissant dans cette flaque de noir aveuglant ! Tu as fini par y croire, mais non. Ce qui t’enveloppe, ce n’est pas une coquille. C’est un tombeau d’ébène. C’est ton immobilisme, c’est ta fuite, c’est ton anxiété.

Cours !

Tu m’entends ?

Tu dois courir !

Tu dois courir vers elle ! Pour DEVENIR elle ! Et regarde comme elle est belle !

Personne ne viendra te sauver.

Je te retrouve au prochain passage de relais

Tendrement,

La fille qui te fait de l’ombre

Le faisceau de ma lampe pénétrait à peine le gouffre de ténèbres, révélant par éclairs fantomatiques les murs gravés affreusement familiers, dégradés par l’action du temps.
À l’endroit où s’était effondrée une partie considérable de la voûte, je dus escalader un énorme monceau de pierres qui rejoignait presque le plafond déchiqueté, grotesquement chargé de stalactites. C’était bien là le comble du cauchemar, aggravé par ce maudit harcèlement des pseudo-souvenirs. La seule chose qui me parût insolite était ma propre taille, comparée à la monstrueuse construction. J’étais accablé du sentiment d’une petitesse inaccoutumée, comme si la vue de ces murs imposants eût été nouvelle et anormale pour un simple corps d’homme.

— H.P. Lovecraft

Réalisé à l'encre de Chine sur papier grain fin 640g/m². Taille originale : 15x21 cm.

Quand vient la tombée de la nuit, si je me trouve au bon endroit, je peux alors apercevoir ce petit animal qui voyage d’un insecte à l’autre, avec une rapidité et une précision admirable. Telle une danse qui se joue au lever de la lune, elles apparaissent dans le jardin, toujours au même moment, toujours dans la même ronde. Je crois que leurs habitudes me rassurent et me font du bien, car elles sont alors normalisées et nécessaires. Comme si d’un seul coup, j’avais le droit d’avoir cette petite habitude de les observer et de m’émerveiller, comme elles, chaque soir.

Prenez soin de vous,
Lulu

Dans l’ombre tardive de cette nuit bien avancé kaïki progresse vêtue de son sombre manteau. Elle percevait le clocher au centre de cette ville tentaculaire et savait que s’y trouvait son objectif. Bien qu’elle ne savait pas ce qu’était ce dit objectif.

Elle se souvenait de son entrevue avec ce gars, bourru capuche sur la tête qui lui avait avancé deux belles pièces d’or juste pour lui parler, évidemment étonné elle l’avait écouté et le gars lui a alors fait miroiter 8 autres pour aller au clocher et discuter avec le type au sommet.

Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle devait y trouver, n’y même de si elle devait trouver quoi que ce soit d’ailleurs. Mais 10 pièces d’or c’était l’assurance de la propriété. Une telle somme ouvrait la possibilité de se payer un logement. Peut être même une ferme en bordure de la ville avec une telle somme. Ainsi elle ne réfléchissait pas tant, son ventre lui intimait de répéter le repas que les pièces d’or lui avait offerte.

Elle se sentait cependant étrange,comme paranoïaque du a son incapacité a connaître ce qui l’attendait. Peut être était elle en train de travailler pour des bandits ? Qu’ils souhaitait une distraction et qu’ils avait les moyens de payer ?

Instinctivement elle rasait le mur d’un peu plus près que d’habitude elle était ici pour le clocher pas pour ces ruelles nocturnes d’autant plus inquiétantes qu’elles étaient vide. Résistant a ses idées noires elle s’avançait toujours un peu plus dans les ruelles.

A un tournant elle vit la lumière. Le clocher était dans le quartier marchand. Ici pas le temps de dormir les bars tournait a plein régime profitant de la faiblesse des marchands hébétés par le sommeil et l’alcool.

Prenant garde a ses affaires sous son ample manteau elle pressa le pas. Elle n’avait pas le temps de rester dans ce quartier et avec la somme qu’elle avait sur elle les pickpockets devait déjà poser leurs regard sur elle.

Repassant dans les sombres boyaux des quartiers d’habitations elle prit conscience de l’ampleur de son stress. Elle était venu dans le quartier marchand pour le clocher et venait de le quitter pour une réflexion faite a la va vite.

Faisant demi tour elle repassa dans la lumières des braséros et autres torches du quartier qui ne pouvait supporter la nuit. Toujours plus anxieuse elle fixait la longue tour qui s’élancait dans la noirceur de la nuit bien au dessus de la lumière de la ville.

Arrivant au parvis du clocher. Kaïki était devenu une boule de stress. Jetant des regards qu’elle souhaitait le plus furtif possible sous sa capuche elle ne vit pas grand monde. Respectant tout de même un principe elle vérifia qu’elle avait son couteau. Fort heureusement il était la effilé et accessible.

S’approchant de la porte elle se demanda ce qu’elle allait bien pouvoir raconter. Elle ne pouvait quand même pas dire qu’on lui avait promis 10 pièces juste pour discuter ? Ou bien peut être ? Après tout ce genre de discussion ne ferait de toute manière aucun sens. Ces deux pièces d’or était déjà largement suffisante. Avec cette somme elle pouvait filer. Aller voir la mer et vivre de la pêche. Ca lui changerait de cette ville de sable poussiéreuse. C’était certainement la meilleure chose a faire.

Prise dans ses pensées elle entendit la porte s’ouvrir

« et bien ? Fit l’homme dans l’encadrement de la porte dans une posture méfiante »

kaïki devait se décider. Finalement l’honnêteté l’emporta.

« je vous demande pardon monsieur mais on m’a offert 10 pièce pour venir vous parler ce soir, l’offre était alléchante au premier abord mais finalement plus j’y pense plus elle me semble frauduleuse. Vous devriez probablement prévenir vos collègues ou un truc du genre expliqua t’elle »

l’homme eut un rictus suivi d’un petit rire serein

« ah bah ça alors ça explique pourquoi tant de gens viennent me voir chaque jour, y’a donc des types qui s’amuse a m’envoyer des gens pour que je reste dans ma tour plus tard que prévu ? Vous êtes clairement pas la première a me faire le coup mais vous êtes la première a m’expliquer pourquoi vous débarquez a la fin de ma journée de travail. Attendez deux secondes. »

le garde fila dans la tour et en ressortit quelques instant plus tard

« tenez mademoiselle, une reconnaissance de service rendu, amenez ça a la caserne on vous filera les dix pièces que vous auriez eu en m’occupant frauduleusement, on va surement vous assommer de questions au passage mais c’est pour la sécurité de la ville. Filez y droit cependant ou çà créera plus de soupçons sur vous »

kaïki le regarda et prit le papier toute penaude. Tournant les talons elle se sentit libéré d’un poids. Douze pièces ? Pour avoir parler a un garde ? Ça semblait irréel. Sa posture reflétait cette différence de charge psychologique. Elle était moins recroquevillée et son pas était moins brusque. Elle prit le temps d’observer ce marché nocturne qu’elle s’était entêté a ne pas regarder a l’aller. Ces denrées qui était la a disposition de qui avait la capacité de les marchander. Elle se baladait notant mentalement ce qui lui ferait plaisir. Mais elle se refusait a payer. Pas encore,elle devait s’assurer d’avoir les douze pièces et de filer de cette ville ensuite. Mais une fois dans sa nouvelle vie elle pourrait faire venir ces denrées sait on jamais ?

La caserne se trouvait a l’entrée de la ville. Repasser ainsi dans la pénombre pour passer du quartier marchand du centre historique de la ville vers le mur plus récent des derniers quartiers ne lui fit pas cette impression de stress qui l’avait suivi durant toute la première partie de sa soirée. Elle pouvait cette fois, au gré de l’anonymat de sa capuche se sentir libre, la nuit porte conseil mais la nuit le cœur léger est aussi cet instant formidable ou entre le sommeil de tous semble y avoir une pause dont on peut se délecter.

Progressant a travers les maisons a la qualité et a la hauteur décroissant révélant lentement la faible lumière de la lune kaïki arriva devant les torches des deux personnes de gardes devant la porte de la caserne.

« halte la, oui vous a la capuche la. C’est quoi cet accoutrement de pleine nuit ? Vous vous croyez malin ?  Fit l’un des gardes »

kaîki révélant son visage se confondit en excuses

« oh pardonnez moi c’est toujours plus confortable d’être anonyme dans de tels grandes villes, tenez votre collègue aux clochers m’a fourni ceci. S’expliqua t’elle

-hum, oh vous êtes allé lui révéler qu’on vous payait pour le distraire a la fin de son tour de garde ? Intéressant, veuillez donc me suivre. Répondit le garde parcourant le document »

hélant un scribe occupé a se curer les ongles le garde prit une chaise et installa kaïki sur une autre en face.

« donc on vous a promis 10 pièces d’or et vous y avez cru ? Vous vous rendez compte de la somme que ca représente ? Agressa le garde douteux

-oui c’est colossal mais l’homme qui m’a promis ces dix pièces m’en a fourgué deux dans la main, et même pas comme avance, non il m’a offert deux pièces d’or pour juste l’écouter parler et il m’en a promis 8 autres si je distrayait votre collègue au milieu de la nuit. Se défendit kaïki dévoilant le métal brillant dans sa poche »

le garde comme le scribe furent étonné tant de l’honnêteté de la fille que de la réalité de la somme sous leurs yeux

« vous comprenez ce que vous avez entre les mains ? Demanda lentement le scribe

-pas vraiment mais j’ai pu mieux manger que jamais, juste parce que ce type patibulaire a voulu me parler. Répondit kaïki

-c’est ridicule, comment une tel pègre peut elle faire partie des murs de cette ville ? S’emporta le garde visiblement agacé

-j’ai entendu des histoires récemment. Fit le scribe. Certainement que la corruption dont j’ai entendu des rumeurs est simplement a l’oeuvre ici aussi.

-bon, il ressemblait a quoi ? Se reprit le garde debout les mains sur le bureau du scribe.

-je saurais pas dire précisément, il avait le même genre de manteaux enveloppant qu’on a tous ici pour se balader dans le désert dehors, mais de ce que j’ai vu il avait pas mal de cheveux,noirs d’ébènes grisonnant par endroits, et une marmule comme on en voit peu vraiment un gars qui prend de la place j’en étais a me demander comment sa chaise en dessous ne rompait pas. Décrit kaïki »

un regard entendu eut lieu entre le garde et le scribe, ce dernier ouvrit un tiroir et avança la somme promise a la fille hallucinant devant une telle somme

« c’est notre homme tu pense ? Lâcha le garde

bien sur que c’est lui,qui d’autre ? Répondit le scribe blasé. Sur ce mademoiselle évitez de quittez la ville, mais évitez d’y restez également, soyez mobile et discrète pour les temps qui viennent. Vous avez probablement mis les pieds ou il ne fallait pas. Un gars réputé dangereux de lui mème récemment recruté dans des affaires d’intimidations multiples. Je vous souhaite bien du courage. détailla le scribe

kaïki s’approcha des pièces presque honteuse et les récupéra, impressionné de la valeur qu’elle avait entre les mains.

Le lendemain, ignorant les conseils de la garde elle acheta un chameau et fila vers la cote. Si elle achetait un bateau et son équipage elle pourrait bien faire sa vie en fournissant des croisières intercontinental. Quoi de plus mobile que ça ?