Seul dans un bar, dans le coin sombre un type observait la salle du regard. La salle était un beau cercle en bois de grande qualité avec des alcôves au sol et a l’étage. Le barman se demandait ce que ce gars voulait depuis son bar a centre de la pièce sous un assemblage complexe de lumière aux prismes multicolores. Le bar avait cette incroyable ambiance chaleureuse de ce fait mais le regard de ce type capuche enfoncé jouant maniaquement avec un objet réfléchissant tuait celle-ci pour le patron des lieux. Il espérait tout du moins que ce n’était pas un couteau, il avait la flemme de gérer une bagarre d’autant plus qu’avec des armes ça rameute les flics. Et si les flics débarquent c’est une soirée terminée et des clients refroidis. Son affaire marchait bien le dernier truc dont il avait besoin c’était d’un gars qui collait une sale réputation pour un fait divers et que les journaux enveniment tout ça pour une belle couverture qui ferait vendre.
Soucieux et toujours le type d’un œil il servait ses clients, il était très fier de son armoire d’exposition cylindrique. Un cadeau d’un ami, pas vraiment noir mais un bois tout de même assez sombre avec des reflets noisette le tout minutieusement poncé et poli. Il aimait beaucoup ce côté sombre juste sous les flashs de la complexe construction lumineuse de la pièce. Attrapant avec la célérité de l’homme expérimenté les flacons il faisait la causette aux clients presque sans faire attention a ses cocktails, la force de l’habitude. Mais ce gars dans le fond continuait à le tourmenter par sa seule présence et il ne semblait attendre personne toujours solitaire dans son alcôve sombre près de l’entrée. Oh il s’en passait des choses dans cette alcove. La bougie qui s’y trouvait était facilement extinguible par les passants et assez profonde pour y faire des galipettes a la sauvette ou pour des discussions ou l’on voudrait pouvoir sortir rapidement du fait de la tension des sujets abordés. Mais que ce gars mystérieux avec son objet soit là à le triturer dans un espace sombre et proche de la sortie faisait passer de multiples scénarios dans la tête de ce pauvre barman.
à l’approche de l’heure de pointe, quand le soleil dans un dernier effort couvre le monde d’une couleur dorée son associé arriva pour tenir la cadence du service. Le gars était toujours là et triturait toujours son truc renvoyant les flashs intermittents vers le bar au centre. Profitant de ce petit moment de flottement ou le coup de feu n’a pas démarré laissant le deux largement désœuvrés avant le pic d’activité le barman tenta une approche, il avait besoin de se sortir ça de la tête avant de se lancer dans la course effrénée.
Mélangeant deux trois ingrédients il choisit un cocktail apprécié des clients les plus stressés, quelques amuse-gueule et approcha du gars.
« voila un moment que vous êtes ici, vous devez commencer a vous sentir mal, tenez c’est la maison qui offre je me sentirais mal de ne pas prendre soin des gens dans un lieu d’hospitalité. Vous attendez quelqu’un ? Tenta-t-il
-uep, un client qu’aurait dû se pointer, on avait rendez-vous dans le coin mais semble qu’il m’ait fait faux bon ce con. Z’avez pas vu passez un gars blond chapeau large manteau noir des fois ? Fallait qu’il me file un truc des plus cruciaux je suis dans une merde si je le choppe pas z’avez pas idée. Eh et merci pour la graille tenez je vais pas vous laissez sans rien non plus. » le type lâcha quelques piécettes sur la table, loin de ce que le barman aurait demandé en temps normal mais le geste détendit le barman
-des types dans le genre on en croise pas mal dans le coin, c’est une tenue appréciée des personnes les plus nomades, je pourrais pas vous dire si c’est bien votre gars que j’ai vu, mais j’en ai vu quelques-uns passer dans la rue cette après midi, je serais vous je tenterais de voir dans les auberges pas loin du port, ça grouille toujours de types qu’apprécie l’efficacité et la discrétion par là-bas assura le barman espérant secrètement qu’une telle info pousserait le type à quitter son établissement sans trop forcer, histoire de se rassurer définitivement
-merci du tuyau mon poto, j’avale votre cadeau et je vais voir les marineau. Lacha le type avec un air tendu, le stress lisible sur ce visage qui tentait un sourire.
Le barman put retourner a son poste et informer son acolyte de sa petite session de stress de l’après-midi. La suite du service fut des plus actives mais a la fin le barman remarqua un petit colis bien planqué dans l’alcove. De bien belles pièces qui valait peut-être a elle seule le bâtiment entier. Et une lettre « merci pour tout mon pote, je me préparais a faire une connerie mais votre hospitalité m’a remis a l’aise je vous dois beaucoup, j’espère que ca suffira ». le barman hallucinait tant de pièce ça en faisait des soirées à mixer des cocktails. Il n’avait aucune notion de ce qu’il avait entre les mains, ni de qui pouvait bien être ce type, mais il était fort heureux de voir que demain son bar serait effectivement en une des journaux et pas pour de mauvaises raisons.