Roger attrapait un gros paquet de farine. Dans les premières lueurs de l’aube lui et son équipe déchargeait une livraison. Tandis qu’il débarquait les paquets il s’assurait d’avoir été vu par Anne qui courait entre les palettes pour faire l’inventaire. Quelques instants plus tard le camion était vidé. Le conducteur s’assura de faire signer le bon de commande et remonta dans son camion. Relançant la machine il eut la mauvaise surprise d’entendre un bruit métallique horrible.
Une des roues avait été crevé des bris de verre était encore visible dans la chambre a air, l’équipe du restaurant alerté par le bruit était sur le pas de la porte de l’arrière-boutique, inquiet. Le chauffeur descendit de son camion pour vérifier l’ampleur des dégâts
« tout va bien ? Lança Anne
Je sais pas trop j’espère que j’ai pas trop frotté sur le sol ça pourrait déformer des trucs et me clouer ici pour un moment. Répondit le conducteur empêtré dans son camion.
Monsieur ? Que faites-vous la ? Lança Roger a un troisième homme visiblement saoul. Monsieur ? Vous m’entendez ? »
L’ivrogne titubait en direction du conducteur. Roger était incertain quand a la décision a prendre tandis qu’Anne avait déjà entamé un appel au policier au cas où
« oui service de police j’écoute ? fit une voix morne au standard
-oui bonjour excusez-moi de vous dérangez, mais on a un ivrogne qui se comporte étrangement devant l’arrière-boutique de notre restaurant il nous écoute pas et il titube d’un air menaçant vers notre livreur d’ingrédients. S’expliqua Anne
-attendez je vous prie, vous dites un ivrogne violent ? Je vais voir ce que je peux faire ne raccrochez pas. Fit la standardiste avant de passer en musique d’attente »
L’ivrogne s’avançait un peu trop près du livreur trop occupé à farfouiller dans les méandres de son camion à trouver une roue de secours pour faire attention. Anne, téléphone en main vit Roger charger l’ivrogne. Elle regarda l’arrière-boutique mais le reste de l’équipe était parti démarrer les préparatifs pour le service du midi. Elle était là impuissante à regarder un mec courir sur un autre mec pour empêcher un troisième mec de finir blessé. Un début de journée vivifiant.
Roger chargeait en hurlant pour alerter le livreur qui se retourna juste a temps pour voir l’ivrogne tenter une pitoyable agression que son équilibre ne lui permettait simplement pas. Roger dut stopper son élan en observant l’ivrogne se cogner contre le plateau de la remorque du camion
« mais il veut quoi lui ? Sursauta le livreur
-à boire, donne, soif articula péniblement l’homme »
Roger entendant ça fit le reste du raisonnement. L’ivrogne, probablement en manque, avait tenté de braquer le camion dans l’espoir de trouver de l’alcool. Le problème se trouvait dans la main droite du dit ivrogne. Un tesson de bouteille brandi en guise d’arme. Certes son état ne lui permettrait pas d’atteindre le livreur surélevé mais rien ne l’empêchait de venir vers le restaurateur.
« allô madame ? Vous m’entendez ? Fit le téléphone D’Anne. qui lâcha un petit cri de surprise.
-oui je suis toujours la. Acquiesca-t-elle.
-bien une patrouille n’est pas bien loin je leur ai transmis les coordonnées que vous m’avez fournis. Comment ça évolue ? S’enquit le standard
-euh pas très bien. Le soûlard a tenté d’agresser le livreur et se met à regarder mon collègue avec un regard mauvais. Débita Anne
-bien il est armé ? Demanda machinalement le standard
-un tesson de bouteille, je crois ? Le soleil m’empêche de discerner pleinement la scène
-d’accord, surtout restez à l’écart et évitez de tenter quoi que ce soit. »
Dans le fond de la rue un bruit de sirènes se fit entendre. À ce son l’ivrogne se raidit, du moins tant qu’il put. Et planta son regard dans celui d’Anne. Un regard mauvais de celui qui veut du mal. Elle lut dans son regard qu’il avait compris que les flics c’était à cause d’elle. Il se redressa se détachant du camion, tesson en avant et se mit à tituber a grande vitesse vers elle. Terrifiée elle prit ses jambes a son cou.
« madame ? Tout va bien ? Madame ? Vous m’entendez ? Fit le téléphone alerté par les bruits de course. »
Anne se rua à travers les ressources stockées dans l’arrière-boutique avec toute l’agilité que lui accordait son niveau de stress. Débarquant en trombe dans les cuisines elle referma sèchement la porte dévisagée par l’équipe.
« bah il fait quoi le chef ? Et c’est quoi cette tête ? Lâcha un commis
-on a un forcené complètement ivre qui a tenté d’agresser le livreur. Et quand il a vu que ça marcherait pas il s’est retourné sur moi à cause des flics que j’ai appelés »
Thomas arrivait sur les lieux gyrophares et alarme a fond. Débarquant de sa bagnole avec son collègue ils trouvèrent le cuistot et le livreur en état de choc.
« bonjour messieurs, on nous a appelé pour un ivrogne agressif c’est ici ?
-oui il vient de se ruer dans la réserve a la poursuite d’une collègue, faites vite c’est la grande porte de hangar, juste derrière le camion. Vomis le cuistot avalant les mots sous l’effet du stress
Je vous remercie. Acquiesca le policier »
« LES MAINS EN L AIR JE SAIS QUE VOUS ÊTES LA IVROGNE ! Hurla le policier arme en main sur le pas de la porte de l’arrière-boutique. »
Aucun mouvement. Mais un petit bruit plaintif. Le policier s’avança vers ce dernier suivi de près par son collègue qui vérifiait les environs. Le petit bruit plaintif se faisait plus clair, plus proche.
L’ivrogne était caché derrière une pile de farine. Tremblant de peur. Le policier le mit en joue et tenta d’instaurer un dialogue. Mais a l’instant ou ses lèvres allait se décoller l’homme ivre se jeta sur lui, tesson en avant. Deux flashs. Son collègue avait tiré.
« mais t’es malade ?
-Il allait te chopper avec ce bout de bidules tranchants
-j’étais dans ta ligne de tir t’y à pensé a ça ?
-arrête j’étais sur le côté tu le sais bien
-et puis on fait quoi de ça maintenant on a l’air malin
-c’est pas des vraies balles c’est du subsonique en caoutchouc il va s’en tirer avec deux énormes bleus allez embarque le moi l’ambulance devrait pas être loin.
-tu refais jamais ça
-j’espère »
l’homme était à terre inerte, l’un des flics vérifia le pouls, une pulsation et un soulagement.
Un pompier fit irruption a cet instant dans le bâtiment
« tout se passe bien ? Héla-t-il
oui c’est bon on a dû faire usage de la force mais le pochtron est sous contrôle. répondit Thomas »
L’ivrogne fut alors chargé dans une ambulance. Non sans l’assurance des menottes aux mains malgré son inconscience sous le regard médusé du personnel médical.
« oui il a pris deux balles en caoutchouc dans les cotes, c’était ça ou mon collègue qui prenait un tesson je sais pas ou. S’expliqua le coéquipier de Thomas
-on va gérer maintenant d’accord ? Fit l’urgentiste de l’ambulance avec un sourire de clair désapprobation. »
L’ambulance fila alors sur la route tandis que les policiers prirent les dépositions. Ce midi là le resto rata un service